HISTOIRE - GEOGRAPHIE - EDUCATION CIVIQUE -   ACADEMIE D'ORLEANS-TOURS

Extraits de la conférence de JACQUES SAPIR, PROFESSEUR EHESS
lors de la journée de l'APHG le 4  XII 1999 .

Compte- rendu d'Armand Lasry
(
professeur animateur au Centre Pédagogique de Blois)
d’après les notes d'Armand Lasry et de Jean-Philippe Desmoulières

armand.lasry@ac-orleans-tours.fr

 

LE MODELE SOVIETIQUE

 I. Les problèmes que posent le libellé du programme :

Ce sujet suscite l’étonnement. Il soulève un malaise que l’on retrouve dans les manuels. Le concept de modèle est accolé à celui d’évolution. C’est un terme abstrait d’où un problème méthodologique majeur qui se pose. La notion de modèle s’identifie à des structures stables qui se reproduisent, qui obéissent à des lois objectives. On peut parler de modèle à un niveau élevé d’abstraction. Il implique une démarche positiviste. Il entraîne une implication dangereuse comme outil pédagogique. La dérive positiviste est de faire croire à un élève qu’on lui donne la réalité d’un système à partir de statistiques ou d’un article de presse.

Il y a aussi un risque de rigidification, une vision statique comme la citation d’une situation en 1951 et le sentiment que se serait la même en 1952. C’est une contradiction avec l’évolution. partir de l ‘étude du modèle et de son évolution est un contresens. On est confronté à des problèmes théoriques et même pratiques. Les jeunes voient la Russie d’aujourd’hui. Dans l’intitulé du sujet, une hypothèse idéologiquement forte est posée avec une période de stabilité puis la perestroïka . Si Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985, c’est que le système était mort. Il y a un problème de cause à effet. On a une vision de la société soviétique comme si elle était stable de 1945 à 1965.

Quels sont les noyaux durs ? Le parti unique, la terreur , l’économie de commandement ?

le parti : il faut le considérer à différents moments. Quel est-il ?

La terreur : il y a eu toujours de la répression entre les années 1949-1952. C’est une société violente. Le grand changement de la terreur date de Khroutchev. qui n’est pas contre nous est contre nous disait Kadar.

L’économie : il y a une très grande différence avec l’économie après la 2ème guerre mondiale qui atteint un niveau très élevé, qui pose des problèmes de coordination, de fonctionnement. L’économie soviétique a changé.

L’idée de noyaux durs intangibles est dangereuse. Il y a des évolutions dans la politique et dans la société. Le thème proposé par le programme peut entraîner des dérives .Il est contradictoire

II Les interprétations des manuels :

Les manuels analysent le système soviétique. L’ensemble des fondements constituent un système. Il y a une certaine logique. Trois problèmes se posent avec un mélange d’abstrait et de factuel.

C’est n régime totalitaire : on renvoie dans un monde d’embrigadement. Ce n’est pas uniquement qu’en URSS. On trouve des exemples aux Etats Unis. Le problème totalitaire doit être posé dans le discours, dans le cadre du parti.

Une vision très statique, c’est la vision des manuels. .sous Staline et jusqu’à sa mort, c’est une période de stabilité. Un grand krach se produit sous Khroutchev Avec Brejnev , ce n’est plus la même chose qu’avec Staline. Le système stalinien a été le pouvoir d’un homme.

Une vision réductive de la société est présentée avec une vision qu’elle est fondée par les problèmes de pénuries et de terreur. Ce n’est pas les mêmes pénuries en 1950 et en 1978..

La dissidence : il n’y a eu qu’une minorité qui n’intéresse pas la société. C’est quelque chose de marginal. Le manuel Nathan p.120, parle d’une russification comme une tendance permanente.. En réalité, il faut distinguer des périodes. ainsi Beria a autorisé dans les Républiques, la langue de sa république en plus du russe. La russification ne se fait pas de la même manière. En Ukraine où les combats ont été très durs entre l’armée rouge et les nationalistes, la russification a été forte. En Asie centrale, ce n’est pas la même chose. Il s’agit de faire de bons soviétiques. On veut faire des Ouzbeks de bons soviétiques et non pas des russes.

Le retard économique de l’URSS s’explique parce qu’elle est à l’écart des courants d’échanges .Le niveau de vie à la fin de la NEPden 1927-1928nn’est retrouvé qu’en 1954-1955, puis il est plus rapide. Dans les années 1980, les magasins sont vides, les frigos sont pleins. Dans le système économique soviétique, il n’y a pas de commerce. Il n’y a qu’une seule banque. La production transite par l’agence de l’Etat d’approvisionnement (Gossnab).

III. Que faire ?

- Voir Historiens & géographes de décembre 1995.

- Communisme et socialisme de l’avenir. La découverte.1999.

1) dualités dans le système : dualités internes dans le système dualités parallèles.

2) mutations internes de la société soviétique.

3) place internationale du système.

Les dualités :

Les institutions sont calquées sur les institutions occidentales. Après Staline, les personnalités sont obligées de composées entre elles, des clans se forment à l’intérieur du PCUS.

En 1965, c’est la première manifestation publique de la dissidence. Leur slogan " Appliquer la constitution ". C’est un système où l’Etat est sous-développé. Le pouvoir est personnalisé et non plus institutionnalisé. On a à la fois une planification et une autonomie des individus, les deux en même temps. Le marché parallèle est très important. La coordination des acteurs économiques est moins bonne qu’en économie de marché. Dans le système stalinien de fortes secousses sociales se produisent qui deviennent une crise après 1970.

Les mutations :

La 1ère est l’enracinement urbain et le salariat urbain héréditaire en 1955-1965 : forte mobilité sociale avec des purges périodiques. Le système est bloqué avec la mort de Staline.

La 2ème  est l’épuisement du modèle de croissance dans les années 1970-1980. La croissance est forte jusqu’en 1967-1968, puis se produit ne stagnation.

La 3ème est une autonomie plus grande de la société entre 1965-1975 au travers de la professionnalisation : techniciens, fonctionnaires scientifiques. La classe moyenne soviétique est constituée de cadres économiques et non plus politiques .avec le gorbatchévisme.

La place internationale :

Il faut noter la fragilité récurrente de l’espace soviétique est préoccupante .Des émeutes se produisent dès 1953.

L’expansion en Asie et dans les territoires du nord est plus solide.

Le basculement des capacités d’attraction date du début des années 1970. Nehru a voulu collectiviser l’agriculture indienne. Les experts soviétiques lui ont répondu : "  Certainement pas ! Nous, on essaie d’en sortir. ".Ce détournement ne concerne que la marge..

Le commerce illégal international d’entreprises concerne 50% du commerce légal du Gossnab. Aujourd’hui à Vladivostok, les pêcheurs nord-coréens au service de compagnie sud-coréennes échangent des poissons contre des voitures d’occasion qui viennent du Japon. Le gouvernement en prélève 1 sur 5 le système ne peut fonctionner autrement.

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